Histoire d’un scandale sanitaire à travers l’histoire de l’agriculture en Bretagne : 50 ans de déni.
En 1971, la première marée d’algues vertes est observée en Bretagne : ce n’est qu’en 1988 que des scientifiques de l’IFREMER (Institut Français de Recherche pour l’Exploitation de la Mer) établissent que la cause principale de ce phénomène provient des nitrates, issus de l’agriculture intensive. Les algues vertes prolifèrent, échouent sur les plages où elles se décomposent en générant de l’hydrogène sulfuré (H2S) qui se concentre sous forme de poches. Ce gaz ultra toxique a ainsi provoqué la mort de nombreux animaux et même de joggeurs ou d’ouvriers chargés de ramasser ces algues sur le littoral, comme Thierry Morfoisse, décédé en 2009 mais dont la mort n’a été officiellement reconnue en accident du travail qu’en 2018.
La journaliste s’est installée en Centre Bretagne pour enquêter sur la vie en milieu rural et rencontre, dans le cadre de ses investigations sur les algues vertes, Pierre Philippe, le premier médecin urgentiste à l’hôpital de Lannion (Côtes-d’Armor) à avoir alerté les autorités sur les risques liés à la prolifération des algues, dès juillet 1989, lorsqu’il constate le décès d’un joggeur de 26 ans sur la plage de Saint-Michel-en-Grève ; sa demande d’autopsie restera lettre morte.
Depuis les premières lois de modernisation agricole et de remembrement des années 1960, l’élevage n’a cessé de s’intensifier en Bretagne, augmentant les teneurs en nitrates déversés dans les rivières. La région produit à elle seule plus de la moitié de la production porcine nationale et un poulet sur trois. Si ces algues sont désormais ramassées très rapidement sur les plages, elles se concentrent encore dans des zones peu accessibles. Pour autant, la diminution du cheptel breton n’est pas à l’ordre du jour. Le dessinateur Pierre Van Hove alterne reconstitutions et trouvailles graphiques en aplat vert-bleu-jaune au service d’une démonstration implacable. En cause ? Le pouvoir des grandes fortunes bretonnes de l’agro-industrie, « organisée dans un des lobbys les mieux structurés d’Europe ». Un reportage éclairant et glaçant à diffuser massivement et de toute urgence.
La Revue dessinée / Delcourt, 2019.
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