« Vous voulez faire de la peinture ? Avant tout il faut vous couper la langue, parce que votre décision vous enlève le droit de vous exprimer autrement qu’avec vos pinceaux »
Ce conseil du peintre Matisse à ses étudiants, le compositeur Karol Beffa ne se l’appliquera pas à lui-même, heureusement. Dans sa leçon inaugurale au Collège de France (« Comment parler de musique »), celui-ci, diplômé, entre autre de l’Ecole Normale Supérieure, du Conservatoire National Supérieur de Paris, détenteur d’un diplôme d’ingénieur statisticien de l’ENSAE… tente d’échapper aux deux écueils qui consisteraient à ne rien dire sur la musique tant elle serait sublime, intouchable, ou à l’opposé à employer un verbiage hermétique, loin de toute forme de médiation.
Découpeur, analyseur, numérologue, fétichiste de la partition ou raconteur d’historiettes : le « spécialiste » peut se révéler comme « passant en revue chaque variation [de Schoenberg] comme d’autres relèvent le compteur à gaz ». Beffa, reprenant ici une boutade de Boulez, semble tout aussi circonspect à propos des guides d’analyse à destination des simples mélomanes, « échec patent ». Dans un autre ouvrage (« Parler, composer, jouer »), il parle de sa propre musique, reprenant des leçons données au Collège de France. On voudra bien le laisser faire, pour son propre travail !
L’accès aux musiques dites « savantes », classique, contemporaine, reste encore difficile pour certains d’entre nous. Le type de langage musical, les codes, la longueur même des œuvres sont encore des freins a priori pour tous ceux qui n’ont bénéficié que d’un enseignement musical standard très… parcimonieux.
Alors, si « l’art meurt du commentaire sur l’art », que peut se permettre de faire un simple bibliothécaire musical, pourvoyeur de culture, professionnel de l’accessibilité? Vous proposer modestement de découvrir un compositeur de notre temps, au travers d’une playlist sur la Chaîne You Tube du Conservatoire, et des documents présents dans nos collections. Une occasion de vous rappeler que les fonds de la bibliothèque du Conservatoire sont empruntables par les lecteurs des biblis de la Ville et de celle des Champs Libres. Partitions, disques compact, livres, dvd… et surtout conseil. Sans compter les concerts, auditions tout au long de l’année !
2018
À retrouver (entre autres) à la Bibliothèque du Conservatoire
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