Alain Delambre est un cadre de cinquante-sept ans anéanti par plusieurs années de chômage sans espoir de retrouver un emploi à la hauteur de ses exigences. Ancien DRH, viré comme un malpropre, il accepte des petits boulots dévalorisants pour payer les factures et assurer un semblant de cohésion familiale.
Quand la firme aéronautique Exxya, mal en point depuis qu’elle a laissé s’échapper un contrat juteux à l’étranger, lui propose un poste de DRH, il ne se doute pas de l’engrenage destructeur dans lequel il met les pieds.
Le scénario est inspiré du polar social Cadres noirs de Pierre Lemaître lui-même tiré d’une hallucinante et très discrète initiative managériale mais bien réelle celle-là chez France Télévisions. Il rappelle également Le couperet de Costa-Gavras.
Une histoire adaptée à l’écran par Ziad Doueiri déjà remarqué pour sa série Baron Noir. Il traite ici de l’impunité des puissants avec comme effet miroir le désespoir radical de “ceux qui n’ont qu’à traverser la rue pour trouver du travail”.
Le casting est irréprochable : Alex Lutz en patron glacial, cynique et imperturbable, Gustave Kerven en ami fidèle, la jeune Alice de Lencquesaing en fille aimante et avocate peu assurée mais déterminée à défendre son père et bien sûr Eric Cantona en génie manipulateur prêt à tout pour retrouver sa dignité. Eric the King, déjà vu chez Ken Loach dans Looking for Eric, semble en effet aussi à l’aise à manier le cuir (et accessoirement le kung-fu kick) sur le terrain d’Old Trafford que l’art de la tragédie (et accessoirement le lyrical kick) devant la caméra.
Une série, sans maniérisme ni machiavélisme avec une légère touche d’humour noir, dans l’ère de son temps que la chaîne Arte a eu le courage de programmer dans un contexte économique et social brûlant.
2020
À retrouver sur la chaîne Arte à partir de jeudi soir ou en streaming sur Arte.fr ou en téléchargement sur le site Les Médiathèques Rennes Métropole et bientôt disponible à la Bibliothèque des Champs Libres.