Jour de courage / Brigitte Giraud

« Là où l’on brûle des livres, on finit par brûler des hommes ». Heinriche Heine
Livio est un garçon de 17 ans, lycéen à Lyon. Sa professeur d’histoire, Madame Martel, lui propose un jour de la remplacer sur l’estrade afin de faire un exposé sur les autodafés.  Livio choisit de consacrer cet exposé à Magnus Hirschfeld, médecin allemand né à Kolberg en 1868 et mort à Nice en 1935, qui a été le premier à étudier la sexualité humaine sur des bases scientifiques et a fondé l’Institut de sexologie à Berlin. C’est dans cet institut qu’eut lieu la première opération de changement de sexe en 1930.
Durant son exposé, Livio fait référence :
– au « paragraphe 175 », article du code pénal persécutant les homosexuels allemands.
– À « la justice grâce à la connaissance », devise du comité scientifique humanitaire
fondé et dirigé par Magnus Hirschfeld.
– À la théorie du 3ème sexe.
– Au film « Différent des autres », réalisé en 1919 par Richard Oswald.
– À « l’esprit non allemand. »
Il aborde aussi la question du mariage pour tous, celle de l’exil, car Magnus Hirschfeld a dû fuir son pays et dans la classe, il y a un afghan, une descendante de pieds noirs, un arabe, Livio, lui-même descendant d’émigrants italiens.
Mais celui-ci, face à ce qui ressemble fort à un « coming out », se heurte à l’hostilité de ses camarades. Il est interrompu, interrogé, conspué. Madame Martel, plutôt bienveillante, intervient régulièrement, tant pour donner son avis, que pour éviter toute zizanie. Seule, Camille, son amie d’enfance, avec laquelle il entretient une relation fusionnelle, sans jamais avoir échangé un baiser, commence à comprendre le message qu’il veut faire passer. C’est lors d’un voyage à Berlin, que Livio avait découvert le destin de Magnus Hirschfeld, scientifique juif et homosexuel, qui lutta pour l’égalité hommes-femmes et les droits des homosexuels dès le début du 20 e siècle. Le 6 mai 1933, les nazis attaquèrent et pillèrent l’institut de sexologie. Des milliers de livres, documents, photos qui avaient été réunis depuis plusieurs années alimentèrent les premiers autodafés…
En rentrant chez lui, après ce fameux exposé, Livio, épuisé, ne trouve pas de réconfort auprès de ses parents. Il donne rendez-vous à Camille, pour la dernière fois, dans le bunker où ils avaient l’habitude de se retrouver, avant de disparaître.
Ce livre, très documenté sur un épisode tragique de l’histoire, se lit d’un trait. L’écriture
fulgurante de Brigitte Giraud tisse des liens, à 90 ans de distance, entre un scientifique et un adolescent qui se sentent différents des autres et prônent le droit à cette différence.
C’est un livre qui parle de l’homophobie ordinaire, du courage d’un jeune adolescent face à l’hostilité générale, et qui en évoquant les autodafés prend le risque de se consumer.

Flammarion, 2019.

#JDH23

À retrouver (entre autres) en téléchargement sur le site Les Médiathèques Rennes Métropole.