La fissure / Carlos Spottorno (photogr.), Guillermo Abril (texte)

« Vous pouvez bien construire un mur de 15 mètres de haut si vous voulez, il y a aura toujours quelqu’un pour trouver une échelle de 16 mètres ! » s’exprimait Janet Napolitano, l’ancienne conseillère de Barack Obama.

Les murs se multiplient sur tout les continents et ne semblent pas les seuls apanages de Trump ou Netanyahu. L’Europe n’est pas épargnée par la militarisation et la verticalité bétonnée de ses frontières. Les murs anti-migrants apparaissent comme de véritables instruments de communication politique comme si nous étions revenus aux temps des invasions barbares et qu’il fallait se protéger de l’envahisseur. L’ogre russe fait aussi peur que le petit réfugié syrien, camerounais, marocain ou afghan. Qu’il semble donc loin aujourd’hui le rêve des artisans de la paix contre la barbarie nazie d’une Europe unie, prospère et solidaire. La peur du terrorisme et la crise sanitaire que nous connaissons actuellement mettent d’autant plus en exergue les failles du repli sur soi et de l’égoïsme des nations puissantes face aux populations victimes de la misère, des exactions, des guerres des famines sur le sol africain et moyen-oriental. Chez nous, les campagnes se vident, des bâtiments demeurent inhabités et les réfugiés continuent d’espérer, souvent dans des conditions insalubres, aux portes de l’Europe, en Méditerranée, en Hongrie, en Grèce, en Lituanie, en Biélorussie, dans les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla au Maroc…

Pendant trois années, les deux reporters ont sillonnée les frontières de l’Afrique à l’Arctique et composé un roman photo à la puissance émotionnelle et dramatique, choix original s’il en est mais judicieux. La première partie, publiée dans El Pais semanal qui expose les réflexions des journalistes et raconte le sauvetage d’une embarcation au large des côtes libyennes, a été primée aux World Press Photo Awards. En effet, la bédé reportage connaît un bel essor depuis l’émergence de revues de qualité comme XXI , la revue dessinée ou d’auteurs comme Joe Sacco et l’idée de remplacer le dessin par la photographie s’avère ici d’utilité publique et citoyenne.

Gallimard, 2018.

À retrouver (entre autres) à la Bibliothèque des Champs Libres et ses 45 premières pages en streaming sur le site du journal Le Monde.

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