La Nourrice de Francis Bacon / Maylis Besserie

“La couleur de la viande lui plait – si vous voulez mon avis, les garçons bouchers aussi.” (extrait)

Lorsque Jessie Lightfoot arrive en 1911 chez Mr Bacon, dit le Capitaine, au sud-ouest de Dublin, elle n’imagine pas qu’elle passera le reste de sa vie auprès du petit Francis, qui deviendra l’un des plus grands peintres du XXe siècle.

Maylis Besserie raconte, par la voix de la “nanny”, l’intimité de l’enfant puis de l’homme jusqu’à la révélation de l’artiste. Elle rapporte, avec son langage de petite employée de maison, très observatrice, la réalité quotidienne du peintre : dans un décor magnifique les violences et les humiliations du père, le dédain d’une mère puis le départ forcé à Londres.

“Ah, et maintenant il est ravi le Capitaine, vous pensez. Enfin débarrassé du “mauvais fruit, de la reine du bal partie à Londres” – je passe sur les pires noms d’oiseaux qu’il donne à Francis. Et encore, c’est le moindre mal, s’il avait pu lui briser les os en le jetant hors du nid, s’il avait pu le noyer comme un chaton ligoté dans un sac (…) il n’aurait pas hésité une seconde, le barbare.”

Les chapitres biographiques sont intercalés de courtes scènes où le lecteur pénètre dans l’esprit de Bacon face à sa toile, dans la furie de la création. Avec ce catalogue d’œuvres (Portrait de Peter Lacy, 3 études pour une crucifixion, figures dans un paysage, etc) sont racontés la frénésie de création, les peurs et les effrois du peintre : le lecteur est dans l’atelier, ce lieu mystérieux, inconnu et solitaire du créateur.

Un roman saisissant qui révèle la douloureuse enfance du scandaleux peintre, cette magnifique relation entre Bacon et sa nanny, et qui offre quelques clés pour mieux comprendre son oeuvre…

Gallimard, 2023

À retrouver (entre autres) à la Bibliothèque des Champs libres.

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