Ne vous fiez ni à la jaquette du dvd ni à son titre français totalement désuet aujourd’hui*, vous passeriez à côté d’un chef d’œuvre du cinéma espagnol.
L’affiche du film primé à Avoriaz en 1977 et son titre original en espagnol (¿Quién puede matar a un niño?) me paraissent autrement plus pertinents. Dans un futur proche, un couple de touristes anglais, fraîchement débarqués sur la petite île d’Almanzora en Espagne, réalise que les adultes ont disparu…
Dans l’inconscient collectif, les enfants apparaissent comme les premiers martyrs des guerres et des déviances des adultes. Comme dans Le village des damnés, The children, L’autre, La malédiction ou encore Simetierre, le réalisateur prend le parti inverse (de victime l’enfant passe à bourreau) pour nous faire réfléchir sur la condition enfantine dans le monde. Mais ici, pas d’histoire de possessions par un démon ou une entité extraterrestre, seulement une rancœur assassine à l’encontre des adultes, amorcée et instillée in utero au fil des années par une mutation génétique.
Une ritournelle entêtante, un scénario futuriste, un montage réaliste entrecoupé d’images d’archives, une tension qui monte crescendo, l’ambiance glaçante et poisseuse propre au cinéma de genre des seventies opposée à la lumière solaire du lieu de tournage et à l’insouciance enfantine placent ce film au sommet du cinéma espagnol de l’époque.
*Il faudra un jour m’expliquer à quoi carbure les distributeurs pour le marché français. Ainsi dans le même registre Non si sevizia un paperino (Ne faîtes pas de mal à l’oisillon) devient La longue nuit de l’exorcisme alors qu’aucun exorcisme ne figure dans le film.
2008
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