Vous reprendrez bien encore une p’tite louche de foot?

Mise à jour du 28 juillet 2018.

“Le football est un sport qui se joue à onze contre onze et à la fin… c’est l’Allemagne qui gagne.» Gary Lineker.

Cette célèbre maxime, vieille de plus de 28 ans, ressort à chaque coupe internationale et s’est encore vérifiée le week-end dernier après le match épique Suède – Allemagne. Mais cette édition 2018 nous réserve donc quelques surprises puisque la Mannschaft ne remportera pas le trophée après son élimination inattendue dès la phase de poules.

Si vous en avez soupé du melon de Ronaldo, des danses de Griezmann, du foot business, des polémiques stériles sur l’arbitrage vidéo, de Zabivaka, la mascotte officielle, ce sont d’autres valeurs autour du football et une vision décalée que nous vous proposons ici.

Celles de l’attachement viscéral à un club, du football amateur, des matches du dimanche après-midi et du débriefing à la buvette où fusent les vannes et la mauvaise foi, l’acceptation de la défaite et la victoire humble. Au-delà de brasser un “pognon de dingue” pour reprendre une formule désormais célèbre, et de servir d’exutoire à un racisme décomplexé, le football joue aussi un rôle de cohésion sociale, politique et populaire.

Dans Football district, édité chez Fluide Glacial, l’auteur nous raconte son enfance autour du traditionnel club de son village alsacien. Son grand-père y a joué au foot, son père également, ses frères y ont joué et lui-même n’a pas d’autre choix que de chausser les crampons. Une bande dessinée drôle et truffée d’anecdotes à des années lumières de la violente agression raciste subie récemment par un joueur de l’AS de Benfeld*. A signaler également la bande dessinée Hors-jeu de Matthieu Chiara, sortie chez l’excellente maison d’édition L’Agrume,  qui revisite les clichés sur le foot avec un dessin minutieux et beaucoup d’humour. Dans Un maillot pour l’Algérie, les auteurs nous racontent l’histoire de la première équipe nationale algérienne à travers le parcours de Rachid Mekhloufi qui a tout plaqué, alors qu’une fabuleuse carrière l’attendait en France, et tiré ainsi un trait sur la coupe du monde de 1958 pour défendre la cause de l’indépendance de l’Algérie.

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Si vous voulez vivre la coupe du monde en musiques, vous pouvez toujours parcourir le petit manuel musical du foot de Pierre-Etienne Minonzio édité chez Le Mot et le reste: du bizutage des recrues aux tubes qui font l’éloge d’un joueur, d’un club, d’une sélection nationale, l’auteur passe en revue la tradition musicale du football.

Enfin, le milieu du foot a souvent intéressé de près le cinéma (Coup de tête, A mort l’arbitre, The football factory…). Dans le beau film La surface de réparation, tourné en partie dans les coulisses du meilleur club de l’ouest, le réalisateur Christophe Regin filme avec justesse les stades qui se remplissent, les bars où les supporters débriefent et les boîtes de nuit où les joueurs trompent leurs femmes. Vivotant autour du club depuis 10 ans, Franck (joué par un Franck Gastambide, ex Kaira shopping, qui ajoute une corde sensible à son arc dramatique) vit pour le club. Sans véritable statut ni salaire, il surveille les jeunes joueurs du centre de formation, les empêche de faire des bêtises, renvoie les maîtresses des pros chez elle… Autrefois jeune footballeur, il n’a jamais eu le truc en plus qui lui a permis de passer pro et sa rancœur grandit lorsqu’un ancien concurrent revient au bercail.

La bibliothèque des Champs Libres vient également de s’abonner à la revue So foot que vous trouverez sur le pôle Sciences et vie pratique. C’est aussi le moment de vous refaire la cerise sur votre culture footballistique en dévorant Football total et contre culture toujours chez So foot éditions. Les illustrations absurdes de Pierre la Police publiées dans la revue sont rassemblées dans les 2 tomes de Science foot sortis chez Cornélius.

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Bon sinon je vois bien le Japon sur le toit du monde… Et vous? Laissez-nous votre pronostic en commentaire de l’article.

Bibliographie footballistique (pour en savoir plus) :

Boniface, Pascal et Lopez, David (des.). Planète football. Steinkis, 2018.
Galéano, Eduardo. Le football : ombre et lumière. Lux, 2014.
Michéa, Jean-Claude.
Le plus beau but était une passe. Climats, 2014.

Un site qui parle autrement du ballon rond : Tout le monde s’en foot

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En bonus, notre playlist “Russie 2018”:

  1. Islande / The Sugarcubes
  2. Tunisie / Bargou 08
  3. Costa Rica / Calypso New Revelation
  4. Uruguay / Cachila y los tambores Cuareim 1080 (Non! Non! Montevideo c’est belge!)
  5. Egypte / Natacha Atlas
  6. Croatie / Goran Bare & Majke
  7. Belgique / DEUS
  8. Japon / DJ Krush
  9. Arabie Saoudite / Majed Al-Esa
  10. Suisse / The Young Gods
  11. Colombie / Bomba Estereo
  12. Angleterre / Pink Floyd
  13. Suède / The Knife (Celui qui a dit Suede dehors!!)
  14. Pologne / Frédéric Chopin
  15. Sénégal / Daara J
  16. Russie / Nina Kraviz
  17. Argentine /Natalia Doco
  18. Allemagne / Can
  19. Maroc / The Masters Musicians of Jajouka
  20. Iran / Kourosh Yaghmaei
  21. Australie / Nick Cave
  22. Pérou / Juaneco y su Combo
  23. Corée du Sud / Jambinai
  24. Serbie / FC Apatride UTD
  25. Nigéria / Seun Kuti
  26. Portugal / The Legendary Tigerman (Celui qui a dit Portugal. The Man sort aussi!!)
  27. Brésil / Lenine
  28. Mexique / Lhasa
  29. Danemark / Trentemøller
  30. Panama / Lord Panama & The Stickers
  31. Espagne / Paco Ibanez
  32. France / Miossec

* Dans le cas du match Benfeld-Mackenheim, Le District d’Alsace de football a condamné à égalité tous les protagonistes, dix matchs de suspension pour tous. Lilian Thuram dira à propos de ce jugement dans une interview accordée à libération (28/07/2018) : “C’est une décision extrêmement lâche, cela revient à ne pas sanctionner. Il n’y a ni victime ni bourreau. En ne prenant pas la mesure de la gravité de la situation, ils permettent au racisme de perdurer.” Pour le champion du monde 1998, le racisme sur les terrains est minimisé par les instances dirigeantes du football français majoritairement blanches: “Ne faudrait-il pas dire, assumer, que la force de notre pays, de notre football, tient à ce que nous avons tous des origines, des couleurs, des religions différentes… Dire que là est notre fierté, que nous sommes fiers de cela. Et voilà pourquoi nous sommes champions du monde.”