Bitna, sous le ciel de Séoul / J. M. G. Le Clézio

Un roman constitué de récits entrelacés à la typographie différente, un genre de mille-feuille littéraire, aux thèmes chers à l’auteur, voire convenus, qui donne à comprendre avec simplicité et délicatesse en une parabole à sketchs : la Corée.

Bitna, une Schéhérazade asiatique de 18 ans, recrutée par un libraire, M. Pak, pour « raconter le monde », offrir la musique des mots afin de faire reculer la mort en maintenant l’esprit en éveil comme le corps en vie, en la personne de recluse quadra Kim-Se-Ri, dite Salomé, immobilisée par une maladie paralysante, le syndrome douloureux régional complexe.

Ces cinq histoires vécues ou imaginées, de plus en plus éloignées des contes de fées, disent la difficulté à vivre dans un pays déchiré dont on ressent les blessures (la difficile insertion des jeunes, la division du pays, le destin tragique d’une vedette de K-pop, l’orpheline recueillie par une infirmière), saisissent le mal du pays, la « réalité assassine » ; elles sont marquées par l’évolution de Bitna, qui, découvrant les lois sociales, s’endurcit. Les histoires pour son aînée captive et captivée s’inspirent d’un fait divers sordide ornant la une des journaux mais aussi de la féerie propre au chant traditionnel, le pansori, déclamé depuis des siècles au point de hanter l’imaginaire coréen. En particulier, l’histoire d’un gardien d’immeuble, M. Cho Han-Soo qui élève des pigeons pour qu’ils s’élancent dans le ciel et portent des messages d’espoir là-bas, en cette terra incognita du Nord pourtant si proche où vivent des êtres humains encagés, seuls au monde, qui liront des mots libérateurs.

2018

À retrouver (entre autres) à la bibliothèque des Champs Libres.

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