Plus que jamais, c’est le moment.
Poussant la maniaquerie du bibliothécaire – empêché de ranger sa bibliothèque en temps de confinement – jusqu’à chez soi, voici quelques manières diverses et variées de classer sa bibliothèque ou pas…
Alors à chacun sa méthode.
Il y a en effet, ceux qui ne la rangent pas ou pour qui le classement est si personnel qu’il ne peut être compris que par eux.
Il y a ceux qui, à l’instar de Pierre Bayard, rangeraient selon leur expérience de lecture avec :
- les livres que l’on ne connaît pas
- les livres que l’on a parcourus
- les livres dont on a entendu parler
- les livres que l’on a oubliés (cf. Comment parler des livres que l’on n’ a pas lus)
Classement par l’expérience dont Tom Gauld a donné une version illustrée très parlante dans En cuisine avec Kafka : Il y a Georges Perec qui, dans Penser/Classer, liste différents types de classements :
- “Classement alphabétique
- Classement par continents ou par pays [utilisé largement pour ranger les écrits littéraires dans la classification décimale Dewey – bien connue des bibliothécaires]
- Classement par couleurs
- Classement par date d’acquisition [utilisé dans les réserves patrimoniales de la Bibliothèque des Champs Libres]
- Classement par date de parution
- Classement par formats [utilisé par les esthètes du rangement ou par économie de place]
- Classement par genres [utilisé notamment en librairie] – voir ci-dessous une partie du futur “plan de classement” du 4e étage de la bibliothèque des Champs Libres”


- Classement par grandes périodes littéraires [ci-dessous la reconstitution de la bibliothèque d’Henri Pollès avec des romans populaires des Années folles ]
- Classement par priorité de lectures [la “pile à lire” en langage contemporain]
- Classement par reliure
- Classement par séries” [largement utilisé notamment par les amateurs de BD, mangas, comics ou séries et sagas de romans en tout genre]
Il y a également ceux qui ont pris des décisions radicales.
Alors dans tous les cas, chaque classement ou non classement est une façon non neutre de présenter ses/les livres, qui est affaire de choix de langage et de représentations. Et Georges Perec de conclure : “Aucun de ces classements n’est satisfaisant à lui tout seul. Dans la pratique, toute bibliothèque s’ordonne à partir d’une combinaison de ces modes de classements : leur pondération, leur résistance au changement, leur désuétude, leur rémanence, donnent à toute bibliothèque une personnalité unique.”
Et vous quelle est/sera/serait la personnalité de votre bibliothèque ?
Difficile de ne choisir qu’un seul système de classification dans une bibliothèque !
Pour ma part, il y a un mélange :
– par format : BD et mangas sont à part (et rangés par éditeur), ainsi que les poches qui sont ensuite classés par thématique (fantasy, SF, polar, contemporain…)
– par thématique : légende arthurienne, contes & légendes, jeux vidéo, etc. sont rangés de leur côté
– pour les romans brochés : par ordre alphabétique de maison d’édition, qui confère un aspect homogène de par les formats et mises en pages des couvertures, et qui me permet de réviser mes éditeurs préférés 😉
J’ai essayé le “rainbow bookshelves”, mais la séparation des séries était une épreuve psychologique…