Aux confins du récit d’aventures et de la gravure séculaire, cette bande dessinée présente, au moyen d’un graphisme épuré, un univers de catastrophe écologique. À rebours des habituels zombies, monstres et créatures d’un monde post-apocalyptique et de leurs clichés, le contexte développé par les deux auteurs semble vraisemblable : le·a lecteur·rice est saisi·e dans une réalité où les continents ont disparu, engloutis par les mers qui forment le Grand Océan.
Méticuleux, imaginatif et onirique, cet ouvrage, proche de fable écologique est empli de poésie : il s’agit de l’histoire touchante d’un père et de son fils qui vivent sur l’eau et où chacun construit, à l’aide d’un souvenir ainsi que de bric et de broc, un foyer, une maison-bateau qui protège des tempêtes et des colères de la Nature. Osons alors la redondance et permettons-nous de faire de ce livre l’histoire d’un récit, sensible tout en évitant l’écueil de la mièvrerie, celui d’un père qui conte à son fils une époque où les terres existaient, où leur famille était réunie. Tendre évocation de la solitude, des angoisses enfantines jusqu’aux deuils et bouleversements familiaux, ce journal offre, avec justesse et simplicité, l’image réservée d’une rencontre amoureuse qui donna naissance à cet enfant, à une vie consumée par les désastres écologiques et sociaux.
Ici, aucune lecture tumultueuse, mais la délectation d’une bande dessinée qui interroge la question de l’attente, de l’instance, des désirs et destinations dans l’insondable. Au fond, Fabien Grolleau et Thomas Brochard-Castex révèlent un écrin délicat, hors-cadre aux profondeurs abyssales.

2019 – Cambourakis
À retrouver (entre autres) sur le pôle 4 de la Bibliothèque des Champs Libres
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Céline.