Ce récit d’apprentissage explore les « lieux de mémoire » d’un homme d’ombres – pratiquant le métier de mettre en lumière l’œuvre des autres – ses regrets, ses blessures et ses joies.
Il s’agit moins d’une autobiographie que du portrait du noyau familial d’un autre âge, fécond, avec deux parents de la bourgeoisie juive, libérale et de leurs quatre enfants ; ceux-ci ont traversé la guerre en se cachant pour les plus jeunes, Pierre et Jacqueline, et en s’engageant dans la Résistance pour les aînés, Jean et Simon. Le père, Gaston Nora, urologue, juif alsacien animé d’une « obstination assimilatrice » a lui aussi rejoint le réseau de résistants, restant jusqu’à la fin de la guerre chef de service à l’hôpital Rothschild. A la Libération, l’auteur refuse de faire sa Bar Mitzvah, assimilant la tradition juive à des « enfantillages » pénibles car il n’avait pas compris à l’époque ce que pouvait signifier l’affirmation juive pour ses parents (la victoire sur le sort), au sortir d’une guerre où ils avaient failli disparaître.
C’est la genèse d’un des derniers grands intellectuels à la française, capable de conjuguer l’élégance de la langue, la hauteur de vue et la largesse des références (de la poésie à la philosophie en passant par l’histoire), habité par le triptyque lévinassien d’une vie réussie : « Recevoir, célébrer, transmettre » ; mission accomplie.
Gallimard, 2021
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