Un témoignage inédit et bouleversant qui apporte un nouvel éclairage sur les atrocités commises par les Nazis et leurs collaborateurs à l’Est de l’Europe pendant la seconde guerre mondiale.
“Le journal de Ponary”, écrit de juillet 1941 à novembre 1943, est un ouvrage unique à plus d’un titre. Dans sa forme, d’abord, puisque son auteur, Kazimierz Sakowicz, l’a rédigé sur des feuilles volantes (de différentes tailles, parfois récupérées sur d’anciens calendriers), qu’il enroulait dans des bouteilles de limonade enterrées dans son jardin. Dans sa découverte ensuite, puisqu’il fut publié miraculeusement, grâce à l’opiniâtreté d’une résistante juive de Vilnius, Rachel Margolis, qui a réussi, au fil de plusieurs décennies, à rassembler ces feuillets, dispersés dans différents fonds d’archives, pour reconstituer le fil du récit. Par la chronique, enfin, au jour le jour, en temps réel, d’un des plus épouvantables et massifs pogroms opéré par les Nazis, avec la complicité d’auxiliaires lituaniens, qui fit plus de 100 000 victimes.
Kazimierz Sakowicz était un catholique d’origine polonaise, journaliste et éditeur de plusieurs revues, qui s’était installé en pleine nature, dans le cadre idyllique de la forêt de Ponary, à proximité de Vilnius, suite à la fermeture de son imprimerie au moment de l’occupation soviétique. Pendant 2 ans, il fut le témoin oculaire direct de cette gigantesque tuerie dont il consigna scrupuleusement chaque détail, sans oublier de dénoncer la participation active de la population (l’effroyable trafic auquel se livrèrent les riverains avec les affaires abandonnées par les victimes). Sa mort est en elle-même une énigme, puisqu’il fut retrouvé inanimé dans les bois en juillet 1944, quelques jours avant la libération du pays.
Rachel Margolis, née à Vilnius en 1921, participa à l’insurrection du ghetto en 1943. Elle fut à l’origine de la création de la “Maison verte”, petit musée retraçant l’histoire de 6 siècles de présence juive dans la “Jérusalem du Nord” et fut nommée directrice du Département d’histoire du musée juif d’Etat de la République soviétique de Lituanie. Mais à la chute du régime communiste, la révélation du passé collaborationniste d’une partie de sa population embarrassait les autorités lituaniennes qui souhaitait l’occulter. Accusée et poursuivie en 2008 pour avoir combattue aux côtés des Soviétiques, elle choisit de ne plus revenir dans sa ville natale et termina ses jours en Israël où elle mourut en 2015.
Ce récit a d’autant plus de valeurs qu’il fut longtemps interdit d’accès aux historiens et fait écho à une actualité dramatique, 80 ans après sa dangereuse rédaction.
2021, Editions Grasset
A retrouver (entre autres) à la Bibliothèque des Champs Libres