La plus précieuse des marchandises / Jean-Claude Grumberg

“Il était une fois, dans un grand bois, une pauvre bûcheronne et un pauvre bûcheron.”

Ainsi s’ouvre ce conte, qui n’en est pas un, pour évoquer, de manière sombre, effrayante, tragique, mais terriblement émouvante, le drame de la Shoah.

A ceux qui penseraient que tout a été écrit, tout a été dit sur l’holocauste, Jean-Claude Grumberg utilise le conte allégorique, comme prétexte à illustrer la barbarie nazie, la folie des hommes durant la seconde guerre mondiale, mais aussi la part d’espoir et d’humanité qui peut se révéler dans les instants les plus terribles.

Pour Bruno Bettelheim, dans Psychanalyse des contes de fées, les contes aident l’enfant à découvrir le sens profond de la vie, à prendre conscience de ses difficultés, tout en lui proposant des solutions possibles aux problèmes qui le troublent. Dans ce conte pour adulte, point de Petit Poucet, ni d’Hansel et Gretel, mais dans la forêt hostile, peuplée par des ogres d’un genre nouveau, des hommes et des femmes, qui face à leur destin et en dépit des horreurs qu’ils vivent, puisent dans l’Amour des ressources exceptionnelles pour ne pas sombrer, au prix malgré tout du sacrifice ultime.

Une approche certainement cathartique pour l’auteur, de par son histoire personnelle, qui nous fait le cadeau de cette précieuse marchandise (je vous laisse découvrir par vous-mêmes de quoi il s’agit), dans une langue  poétique, imagée, profonde et bouleversante.

Ce livre est un petit bijou littéraire, merveilleusement ciselé. C’est aussi un livre nécessaire au devoir de mémoire, en réponse, comme un pied de nez, à ceux qui douteraient encore de l’existence des chambres à gaz.

2019

A retrouver (entre autres) à la Bibliothèque des Champs Libres