Comme le sanglier des Bastides de Giono, dans l’épigraphe au roman, M.-H. Lafon « mord la source ».
L’autrIce poursuit son oeuvre d’ethnographe, initiée par Les Pays avec le talent, le sens de la nuance, de la concision qu’on lui connaît et son matériau – le Cantal, la ferme isolée de son enfance, les eaux de la Santoire : vie dans la ferme, relations sociales et familiales, rapport à l’argent, au travail, au vivant, importance d’être à sa place.
Elle ose évoquer l’histoire d’un couple, un homme, une femme – tellement « saccagée » qu’elle ne porte pas de prénom mais un pronom personnel, évocateur de l’effacement en cours dans les violences domestiques ceinturées de silence – une histoire de la brutalité ordinaire, racontée par leur fille qui imagine le point de vue de l’un et de l’autre, sans parti pris. Un récit d’une intensité suffocante, plein de tenue sur ce que c’est que de vivre au jour le jour avec un père ou un mari violent.
Dans une tragédie en trois actes feutrés, M.-H. Lafon fait surgir à l’aide de mots simples ciselés, d’une étonnante puissance un monde paysan qui s’efface sans bruit, son univers mental et ses expressions langagières.
Buchet-Chastel, 2023
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