Magma / Thora Hjörleifsdottir

L’amour est un spectre. Il est aussi douloureux que bon.

L’épigraphe est à la hauteur du roman. Court. Dur. Percutant. Une vérité assénée presque martelée.

L’amour est aussi douloureux que bon. Lilja a 20 ans et elle l’aime. Lui. Plus que simplement l’aimer, elle l’admire, le respecte, l’écoute, elle vit pour lui. Lui, est plus vieux, plus intelligent, plus intéressant, plus beau. Il a une vie incroyable, tellement incroyable que c’est compréhensible qu’il ait besoin de côtoyer d’autres femmes. Il est juste… trop pour elle. En tout cas c’est ce qu’elle se dit. Que c’est normal au fond qu’elle ne lui suffise pas. Qu’elle ait l’impression qu’en réalité il ne l’aime pas. Car on ne traite pas de cette façon les gens qu’on aime. Mais c’est pas grave, elle l’aime assez pour deux.

Il m’a effeuillée comme un oignon. Cernée de lambeaux de peau, je ne suis plus rien et mes yeux me piquent.

L’amour est un spectre. Lilja ne vivra tellement qu’à travers cet amour qu’elle en deviendra son image : un fantôme. Un semblant d’elle même. Elle ne se reconnaît plus, s’éloigne de ses proches, se déteste, se mutile… Et continue à le nourrir de sa présence tandis que la sienne la tue à petit feu.

Je me pleure, nous pleure, pleure cette histoire d’amour que je pensais vivre avec lui.

L’autrice nous offre un récit absolument terrible et incisif. A travers des chapitres extrêmement courts : quelques paragraphes seulement, nous sommes englués dans un quotidien jonché d’anecdotes plus effroyables les unes que les autres. C’est dur à lire, cru et dérangeant.

Thora Hjorleifsdottir est membre du collectif féminin d’écriture Imposter Poets. Elle a déjà publié de nombreux poèmes mais c’est son premier roman.

Agullo, 2023

À retrouver (entre autre) à la médiathèque d’Acigné

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