Une femme ressuscite la fille qu’elle était d’une précision troublante et d’une puissance fascinantes.
L’auteur « désincarcère la fille de 58 », restitue au plus près les sensations physiques et les émotions d’une adolescente, découvrant la sexualité, ce « ravagement » avec « l’incompréhension de ce qu’on vit au moment où on le vit » en consignant l’expérience d’un intime collectif tout en revenant à sa propre source. Annie Ernaux revient à l’époque de sa vie, 1958-1960, qualifiée dans son journal d’« abîme », journal brûlé par sa mère, désireuse d’effacer les traces de la « mauvaise vie » de sa fille.
Le texte fait alterner le « je » d’aujourd’hui, occupé à retracer ce passé, et le « elle » d’hier, une dissociation grâce à laquelle l’auteur compte « aller le plus cruellement possible, à la manière de ceux qu’on entend derrière une porte parler de soi en disant ‘elle’ ».
C’est aussi le dévoilement d’un secret : la fragilité des femmes offrant leur corps à un homme qui bientôt les laissera comme effacées ou vides.
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