Une nuit, sur la rive turque du fleuve-frontière qui sépare l’Orient de l’Europe, une mystérieuse narratrice arrête son regard sur un homme épuisé qui, dans les buissons, se cache des soldats chargés d’empêcher les clandestins de passer du coté grec. Retraçant pas à pas sa périlleuse traversée, la narratrice émaille son récit d’échappées sur cette région meurtrie par l’Histoire et sur le quotidien des Syriens.
Auteur : Mathilde Chapuis
Éditeur : Liana Levi
Au début du récit, la narratrice nous dévoile la confrontation entre l’homme et le fleuve plusieurs mois avant leur rencontre. Elle nous fait ressentir ses peurs et ses espoirs, sa détermination et sa certitude inébranlable d’un avenir heureux. Dans la deuxième partie elle parle de leur rencontre, de leur vie commune, de leur avenir incertain, et des plans qu’il élabore pour aller vers sa liberté. Elle nous ramène à Homs avant la fuite, au fleuve. Ce qu’il ne lui dit pas, elle l’imagine. Ce n’est pas un récit linéaire, pourtant nous suivons la narration sans difficulté. D’une écriture pleine d’émotion retenue, elle nous dit qu’être un Nafar n’est jamais un choix. C’est un récit beau et fort.
Un beau récit à l’écriture très singulière qui m’a un peu déroutée au début, car l’auteur se joue de la temporalité et nous perd parfois un peu. Mais cela vaut le coup de s’accrocher car la deuxième partie, où l’on comprend qui est cette mystérieuse narratrice et pourquoi elle a entrepris de retracer les péripéties de ce nafar, est vraiment magnifique, toute en émotion retenue et en empathie.
Un regard original et plein d’humanisme sur un sujet ô combien d’actualité, et un beau premier roman à découvrir…
Lecture bouleversante, prégnante et d’actualité. J’ai aimé ce roman mais sa lecture me bouleverse…