Nickel Boys / Colson Whitehead

Le portrait sans concession d’une Amérique ravagée par la ségrégation : terrifiant par sa violence, magnifique par sa mise en mots.

Floride, années 60. Le jeune Elwood Curtis se passionne pour les discours pacifistes de Martin Luther King et aspire à de brillantes études supérieures.

Une erreur judiciaire va bousculer ses projets et l’envoyer en maison de correction : la Nickel Academy. Mais derrière les murs de cet établissement d’apparence respectable se cache une vérité impitoyable faite de brimades et de brutalités nocturnes.

C’est une lecture qui dérange parce qu’elle exhume une réalité sordide : celle de la “Arthur G. Dozier School for Boys”. Une maison de correction, fermée en 2011, qui pendant une centaine d’années a abrité derrière ses murs des actes de torture et de barbarie envers ses jeunes pensionnaires.

C’est également une narration brillante, dont je ne peux m’empêcher de vous en livrer un fragment, où l’idéalisme de quelques personnages apporte à ce récit poignant des touches de lumière bienvenues.

La deuxième chose que regarda Elwood fut l’étonnant rapport au monde de ce garçon. Malgré le brouhaha adolescent qui rendait le réfectoire assourdissant, il évoluait dans une poche de silence n’appartenant qu’à lui. Avec le temps, Elwood découvrirait qu’il était à l’aise dans toutes les situations et, en même temps, paraissait n’avoir rien à faire ici ; il était à la fois à l’intérieur et au-dessus ; dans le groupe et à part. Semblable à un arbre tombé en travers d’une rivière, qui n’aurait jamais du être là et qui finit par donner l’impression qu’il n’a jamais été ailleurs, créant ses propres rides dans le grand courant.

Albin Michel, 2020

À retrouver (entre autres) à la Médiathèque d’Acigné

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