Sabine Weiss, artisane photographe, dernière représentante de la photographie humaniste, décédée à la fin de l’année dernière.
Sabine Weiss, après une formation dans un studio réputé de Genève, devient à Paris l’assistante du photographe de mode allemand Willy Maywald avant de se lancer dans la photographie en indépendante – chose rare à l’époque pour une femme – publiant dans la presse tant des portraits que du reportage en noir et blanc. Grâce à Robert Doisneau, croisé au magazine Vogue, elle rejoint l’agence Rapho. La photographe fait des gens modestes (enfants en guenilles, décoiffés ou crasseux mais toujours prêts à jouer) le sujet de ses travaux personnels, menés hors de toute commande.
Mais elle ne voulait être réduite à une photographe humaniste alors que ses images sont teintées d’une mélancolie persistante, comme dans ses photos de fin de fête où la joie s’efface devant la lassitude, où les corps s’abandonnent à la solitude. Sa polyvalence (portraits de bébés, publicités, catalogues d’objets ménagers, photos mortuaires chez les gens chics) lui permet de continuer à travailler quand la photographie humaniste passe de mode dans les années 1960. Elle se considère plus comme une artisane – le côté technique, hérité de son père, ingénieur chimiste, la passionne – que comme une artiste car elle est témoin et ne crée rien, contrairement à son mari, le peintre américain Hugh Weiss – rencontré lorsqu’elle sympathise avec la bohème de Montparnasse – qui joue un rôle non négligeable dans la reconnaissance de son épouse auprès des institutions muséales américaines.
Actes Sud, 2021.
À retrouver (entre autres) à la Bibliothèque des Champs Libres.
Vous êtes abonné dans une autre bibliothèque de la métropole ?
Consultez son catalogue.
Lire également la chronique d’Un village pour aliénés tranquilles de Juliette Rigondet illustré par Sabine Weiss.
