Dans l’avant-propos de ce roman envoûtant, c’est Roberto Bolaño himself qui annonce : “(…) A supposer que rien de cela ne se produise, la littérature du XXè siècle appartiendra à Neuman et à quelques-uns de ses frères de sang.”
Nous sommes dans l’Argentine de la fin du siècle dernier, pour suivre les journées monotones de deux éboueurs portègnes. Monotones ? Pas tant que ça, et au fur et à mesure du récit la vie de Demetrio va se révéler au rythme des flashbacks réguliers. Les chapitres sont courts, donnant une cadence très forte à ce récit habité. Certains chapitres tenant sur une page sont de vraies tranches de poésie en prose : ” (…) Le froid s’égare au fond du bois. La terre s’épaissit peu à peu jusqu’à la berge caillouteuse où l’eau clapote en éclats d’argent. Sur le rideau du ciel, des monnaies virevoltent. L’ocre des troncs se tapit dans l’ombre. (…)”
Il faut saluer l’excellent travail de traduction d’Alexandra Carrasco, qui nous donne à lire des phrases à valeur de sentences, telles : ” (…) pas franchement de mauvaise humeur, mais plutôt de cet air triomphal qu’affichent les victimes d’une mésaventure qu’ils avaient prédite”, ou encore “Contrairement à Demetrio, qui gardait un silence tout autre, avec cette indifférence de surface qui se dessine sur les visages anéantis.”
2017
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