L’État détient le monopole de la violence légitime. Certains se souviennent encore de cette maxime de Max Weber apprise en cours de philosophie sur les bancs du lycée. Sauf qu’aujourd’hui on ne philosophe guère mais quelques membres des forces de l’ordre mutilent des manifestants et sans lien de cause à effet, des policiers sont ciblés par des illuminés et des délinquants dans un contexte social, sanitaire et sécuritaire alarmant.
Le documentaire débute dans notre bonne vieille ville de Rennes réputée pour sa militance sauvageonne. Vous vous souvenez pendant les manifestations contre la loi travail, ces centaines de casseurs qui déferlaient dans les rues de la ville ? Une mythologie qui était alors matraquée dans plusieurs médias.
L’État recourt à sa police pour se protéger de la vindicte populaire souvent suscitée par une succession d’injustices économiques, sociales et pour défendre ses propres intérêts et ceux du privé. Ces intérêts parfois victimes de casse urbaine plus difficile à cautionner mais qui sont toujours à mettre au regard de la casse physique et psychologique subie par une grande partie de la population. La police subit également des caillassages tout en obéissant à une logique de répression, de profilage racial, de désengagement social sur le terrain héritée des politiques colonialistes, exclusives et migratoires. Il n’y a pas d’un côté les gentils manifestants et de l’autre les méchants policiers comme il n’y a pas de violents casseurs d’un bord et des policiers qui ne font que leur travail de l’autre. Alors nous sommes en droit de nous demander quel ordre protège aujourd’hui les forces de l’ordre ? L’article 12 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 dispose que : «la garantie des droits de l’homme et du citoyen nécessite une force publique. Cette force est donc instituée pour l’avantage de tous et non pour l’utilité particulière de ceux à qui elle est confiée.»
Le maintien de l’ordre, parfois orchestré dans les beaux salons et conféré à certains nervis, CRS épuisés ou délocalisés peuvent parfois engendrer des dégâts physiques et moraux chez des journalistes, des lycéens, des citoyens pacifiques ou racisés. Les récents événements (le tabassage gratuit et sans fondement légal du producteur de musique noir et les manifestations pour la liberté d’expression et le recours au droit à l’image) ont ainsi scellé l’enterrement de l’article 24 controversé de la loi de “sécurité globale” et son retoquage.
Le documentaire “choc” émaillé de séquences insoutenables sorti sur les écrans le 30 septembre invite des citoyens à approfondir, interroger et confronter leurs points de vue sur l’ordre social et la légitimité de l’usage de la violence par l’État. Il s’avère compliqué aujourd’hui de parler de “violences policières” avec objectivité et sans déchaîner les passions. David Dufresne laisse la parole à tous comme le dévoile le carnet de bord des avant-premières et des rencontres, entre deux confinements, dans plusieurs cinémas de France. Ce livret, qui vient compléter un superbe travail éditorial, raconte le déroulé des débats parfois très animés mais au cours desquels chacun s’évertue à écouter l’autre.
La chaîne Arte consacre également une série de reportages sur les violences policières.
Jour 2 Fête, 2020
À retrouver (entre autre) à la Bibliothèque des Champs Libres et sur La Médiathèque Numérique.
Un documentaire que je veux voir après avoir lu Flic et 18.3 une année à la pj…