Ça fait quelques années que je n’attendais plus grand chose d’IAM du moins en albums car ils continuent de mettre le feu en live avec leurs classiques. Il n’y a qu’à voir la folie qui s’empare d’une salle quand résonnent les premières notes de Demain c’est loin ou de L’empire du côté obscur même avec un public pas acquis d’avance (ça reste mesuré quand même hein, on est pas au Vélodrome).
Le groupe a en effet alterné le bon et le moins bon ces dernières années et je m’étais lassé du virage RnB et des sermons de l’égyptologue « avé l’assent » et de son acolyte samouraï. Si le savoir est une arme, plus très sûr aujourd’hui que leur mission « évangélique » dans les quartiers ou ailleurs amorce et éclaire la révolution de demain.
C’est ce que semble reconnaître « Chill » à demi-mot dans un morceau comme Qui est ? même si le côté moralisateur ou péremptoire avec le rappeur n’est jamais bien loin. Dans cette théorie du chaos où rien est tout blanc ni tout noir, ce qu’on pense être une bonne action ici peut avoir des conséquences néfastes là-bas, le groupe semble enfin assumer complètement son statut de stars du « game » milliardaires car la dichotomie commençait à se voir et devenir gênante.
Avec leur 10ème album Yasuke, inspiré du nom d’un esclave africain devenu samouraï au Japon, le groupe revient donc à une production très new-yorkaise, un flow toujours énergique malgré le grain de voix qui s’étiole et s’amuse avec l’alphabet par le biais de textes convenus mais raisonnés et non dénués d’humour. À 50 balais (et oui ça nous rajeunit pas!) les vieux loups du rap français ont encore une belle marge d’avance sur les petits jeunots qui leur courent (vite) après.
Les Martiens devaient passer au Liberté le 18 mars et le concert est reporté au 20 septembre. En attendant voici une belle mise en bouche :
Def Jam Recordings, 2019.
À retrouver (entre autres) à la Bibliothèque des Champs Libres.
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